L’économie circulaire, où les consommateurs eux-mêmes sont à la fois les fournisseurs et les acheteurs de biens et de services, s’est imposée progressivement comme un moyen populaire et fiable d’acheter et de vendre des choses. Aujourd’hui, l’un des plus grands acteurs de ce système, la place de marché de vêtements Vinted, s’apprête à gagner beaucoup d’argent. La startup européenne annonce aujourd’hui qu’elle a bouclé un tour de table de 250 millions d’euros, un financement qui valorise la société à 3,5 milliards d’euros.
La résurgence de l’économie circulaire
C’est un grand saut pour Vinted et une affaire énorme pour l’entreprise ainsi que pour le pays qui a produit la startup. Fondée à Vilnius, en Lituanie, en 2008, Vinted est présente sur 13 marchés, dont la France et ses pays limitrophes, et utilisera le financement pour poursuivre le développement de ses activités tout en s’implantant sur des marchés plus éloignés, comme les États-Unis.
Au total, Vinted compte actuellement quelque 45 millions d’utilisateurs, qui proposent de vendre leurs propres vêtements et articles ménagers ou qui achètent ceux des autres d’autres. Les utilisateurs ne paient pas de frais de mise en ligne, mais Vinted prélève un taux de protection de l’acheteur qui représente généralement entre 3 % et 8 % du coût d’un article.
L’économie circulaire est souvent considérée comme un système utile qui permet non seulement de prolonger la durée de vie des produits de manière durable, mais aussi de faire de meilleures affaires en éliminant certains des autres acteurs de la chaîne de distribution. Ce concept s’est avéré très convaincant l’année dernière, les gens passant plus de temps à la maison et cherchant à désencombrer ces espaces, à réaliser des économies ou tout simplement à gagner de l’argent grâce à internet afin d’arrondir les fins de mois difficiles ou d’aider à financer des études ou des projets. C’est aussi l’une des techniques de vente les plus anciennes et les plus primitives.
Vinted n’est pas la seule entreprise à tirer parti de cette économie. Wallapop, une autre place de marché d’échange d’objets d’occasion originaire d’Espagne, a récemment levé 191 millions de vdollars. La question sera de savoir lequel de ces acteurs de l’économie circulaire sera, paradoxalement, le plus durable en soi. eBay, qui a également connu une forte augmentation de ses ventes l’année dernière, a commencé à donner quelques signes au cours du dernier trimestre que son essor pourrait s’estomper.
Entreprise engagée jusqu’à son modèle économique
« Les 18 derniers mois ont été difficiles », a déclaré le PDG de Vinted Thomas Plantenga dans une interview. L’entreprise a en fait interrompu ses activités pendant les deux premiers mois de la pandémie, afin de déterminer comment poursuivre ses activités sur le marché, tout en assurant la sécurité des gens avec le Covid et en respectant les règles imposées aux activités sur les différents marchés. Les choses ont rebondi assez rapidement après cela, a-t-il concédé, mais cela montre aussi l’incertitude dans ce secteur.
La puissance de l’entreprise réside en partie dans son orientation. M. Plantenga a expliqué que la société est très stricte quant à l’application du principe selon lequel la place de marché est uniquement utilisée pour la mode et les articles ménagers (qui sont adjacents à la mode) : pas de voitures, pas de gros meubles, pas d’animaux domestiques, pas d’objets en tout genre. Il n’y a pas non plus de canal de vente directe permettant aux marques ou aux détaillants de revendre des articles de seconde main sur la plateforme, ce qui semble pourtant être une catégorie évidente à ajouter à une place de marché où les gens sont à la recherche de bonnes affaires dans le domaine de la mode, mais qui ne correspond pas à l’éthique de l’entreprise, a-t-il déclaré.
« Oui, cela pourrait être une grande opportunité, mais nous avons délibérément dit non à cela », réaffirme M. Pantenga. Il a reconnu que la surproduction était l’un des nombreux problèmes de l’industrie de la mode, mais qu’elle n’allait pas s’y attaquer elle-même. « Nous ne pensons pas que c’est à nous de résoudre ce problème. Nous voulons plutôt corriger les tendances de la consommation. Tous ces problèmes autour de l’industrie de la mode et de la production, il y en a beaucoup. Nous nous concentrons sur le fait que les vêtements de seconde main doivent être votre premier choix. »
Source : Techcrunch.com