Si le rôle de la Chine dans le commerce mondial est très médiatisé et politiquement polarisant, son influence croissante dans la finance internationale est restée plus obscure, principalement en raison d’un manque de données et de transparence.
Au cours des deux dernières décennies, la Chine est devenue l’un des principaux prêteurs mondiaux, avec des créances impayées qui dépassent aujourd’hui plus de 5 % du PIB mondial. La quasi-totalité de ces prêts sont officiels et proviennent du gouvernement et d’entités contrôlées par l’État, ce dernier devant ainsi une partie prenante majoritaire de ces dispositifs.
Au total, l’État chinois et ses filiales ont prêté environ 1 500 milliards de dollars en prêts directs et en crédits commerciaux à plus de 150 pays dans le monde. Au-delà de montrer la maîtrise qu’elle a de son budget, cela a fait de la Chine le plus grand créancier officiel du monde, dépassant les prêteurs officiels traditionnels tels que la Banque mondiale, le FMI ou tous les gouvernements créanciers de l’OCDE réunis.
Les prêts accordés à l’étranger par la Chine
La quasi-totalité des prêts accordés par la Chine sont gérés par le gouvernement et diverses entités publiques, telles que les entreprises et les banques publiques.
Le boom des prêts à l’étranger de la Chine est unique en son genre par rapport aux sorties de capitaux des États-Unis ou de l’Europe, qui sont en grande partie le fait du secteur privé. Cela montre également que la Chine a tendance à prêter aux conditions du marché, c’est-à-dire à des taux d’intérêt proches de ceux des marchés de capitaux privés.
D’autres entités officielles, telles que la Banque mondiale, prêtent généralement à des taux d’intérêt inférieurs à ceux du marché et à des échéances plus longues.
En outre, de nombreux prêts chinois sont garantis par des sûretés, ce qui signifie que les remboursements de la dette sont garantis par les recettes, comme celles provenant des exportations de matières premières.
Les emprunteurs
Du côté des emprunteurs et d’après certaines études du marché, on peut considérer que la dette s’accumule rapidement : pour les 50 principaux pays en développement qui sont bénéficiaires, on peut aisément estimer que l’encours moyen de la dette envers la Chine est passé de moins de 1 % du PIB du pays débiteur en 2005 à plus de 15 % en 2017.
Une douzaine de ces pays ont une dette d’au moins 20 % de leur PIB nominal envers la Chine (Djibouti, Tonga, Maldives, République du Congo, Kirghizstan, Cambodge, Niger, Laos, Zambie, Samoa, Vanuatu et Mongolie).
Peut-être plus important encore, de nombreux comptes rendus révèlent que 50 % des prêts de la Chine aux pays en développement ne sont pas déclarés, ce qui signifie que l’encours de la dette n’apparaît pas dans les sources de données « étalon-or » fournies par la Banque mondiale, le FMI ou les agences de notation. Les prêts non déclarés de la Chine ont atteint plus de 200 milliards de dollars US en 2016.
Source utilisée : HBR.org